En ayant une lecture superficielle de l'habitat vernaculaire, le besoin de lumière naturelle ne faisait pas partie, semble-t-il, des préoccupations des bâtisseurs de maisons de pays. L'habitat ancien paysan était conçu en protection des aléas climatiques extérieurs et cela très tardivement si l'on compare avec les maisons de maitres dont les grandes menuiseries ouvertes au soleil caractérisaient l'habitat bourgeois du XIX° siècle.
A une époque où l'on vivait d'avantage à l'extérieur, la luminosité de l'habitat ne rentrait pas principalement en ligne de compte dans la classe laborieuse du milieu rural.
Cependant, afin de nuancer ce propos d'introduction, l'habitat de pays tenait remarquablement compte des particularités de terrain, d'orientation et de luminosité pour, d'une part se protéger des intempéries et, d'autre part, faire rentrer la lumière à travers des ouvertures disposées en façade sud ou ouest principalement. L'habitat vernaculaire est riche de critères bioclimatiques qu'il faut savoir discerner!
Si l'on observe les toits représentatifs de nos régions, de l'habitat traditionnel en Saône et Loire ou bien encore ceux du Bugey et, dans une autre mesure, même les toitures aux débords plus prononcés des maisons en pisé, aucune ne font réellement obstacle à la lumière du soleil. Ce n'est pas l'écrivain japonais Junichirô Tanizaki dans son Éloge de l'ombre qui nous contredirait:
C'est ainsi que lorsque nous entreprenons la construction de nos demeures, avant toute chose nous déployons ce toit ainsi qu'un parasol qui détermine au sol un périmètre protégé du soleil, puis dans cette pénombre nous disposons la maison. Bien entendu, une maison d'Occident ne peut pas non plus se passer de toit, mais la destination principale n'en est pas tant de faire obstacle à la lumière solaire, que de protéger des intempéries; on le construit donc de telle sorte qu'il répande le moins d'ombre possible, et un simple coup d'oeil sur son aspect extérieur permet de reconnaitre que l'on a cherché à obtenir pour l'intérieur la meilleure exposition à la lumière. Si le toit japonais est un parasol, l'occidental n'est rien de plus qu'un couvre chef. mieux, comme dans une casquette, les bords sont réduits à si peu de choses que les rayons directs du soleil peuvent frapper les murs jusqu'au ras du toit.
J. Tanizaki, Éloge de l'ombre - 1933
Notre perception mentale de la lumière n'est pas sans conséquences sur les (pires) choix architecturaux mis en œuvre pour la satisfaire. Aussi, me parait-il judicieux de savoir l'analyser avec critique en distinguant les effets positifs biologiques et psychologiques de la lumière naturelle et, à contrario, une perception culturelle désincarnée et crue de la luminosité extérieure.
C'est un peu le but de cet article de démontrer qu'il existe bien d'autres solutions que d'ouvrir de grandes baies vitrées dans un habitat ancien prétendu sombre.
Notre formation et notre pratique de l'architecture intérieure en lien avec le bâti ancien a éveillé une interprétation sensible et incarnée de la lumière naturelle. Celle-ci s'exprimera d'avantage avec des matériaux vivants que standardisés. Elle prendra corps dans les variations d'un enduit à la chaux naturelle, le relief d'une pierre ou la clarté d'un plancher en pin sylvestre huilé... Aussi, recherchons nous la luminosité intérieure moins par la notion de quantité que par sa qualité qui en offre toutes les variations sensibles d'intensité et de forme, voir de contraste avec la pénombre. C'est naturellement une valeur ajoutée de la conception architecturale réalisée par un professionnel soit dans le cadre d'une mission complète ou d'une prestation dédiée de conseil.
L'éclairage artificiel pourra faire l'objet d'un autre article. Il est bien entendu, que compenser une insuffisance d'ensoleillement intérieur par de l'éclairage artificiel diurne est un échec comparable à de la compensation énergétique face à une insuffisance d'ordre thermique.
Dans les régions les plus rudes, les ouvertures réalisées dans les maisons paysannes pouvaient être très réduites. De la même manière, celles pratiquées au nord des habitations ressemblent généralement d'avantage à de simples jours qu'à de véritables ouvertures.
Nous ne modifierons pas ces proportions, dictées par le bon sens, en augmentant leur taille d'autant plus qu'il existe des moyens qui permettent d'optimiser l'ensoleillement naturel.
Les ébrasements intérieurs pratiqués permettent de réfléchir la lumière. Il pourra être intéressant de réaliser l'ébrasement légèrement ouvert en biais sur les cotés verticaux mais aussi, comme illustré ci contre, de concevoir une allège en alignement de la menuiserie afin d'augmenter le volume de lumière disponible et réféchie.
Dans certains cas particulier, la menuiserie pourra être placée au nu extérieur de la façade. Cette disposition permet de capter un maximum de lumière naturelle vers l'intérieur sans l'ombre portée du tableau d'encadrement de l'ouverture.
Les coloris clairs diffusent et captent la lumière naturelle. La couleur blanche donne une impression d'espace et de luminosité. Toutefois, elle pourra apparaitre comme étant criarde dans une maison ancienne en milieu rural. Aussi, pourra-t-il être judicieux de la travailler en enduit, en badigeon de chaux aérienne pure, ou encore en eau forte mêlée, par exemple, à un enduit chanvre.
De nombreuses habitations anciennes sont riches en boiseries apparentes. Hélas, leur tonalité sombre est particulièrement "plombante". Les vieux chêne ainsi que les poutres en peuplier retrouveront des tonalités plus claires après un gommage au Vasilgrit. Les bois résineux pourront êtres éclaircis avec une huile cire blanche.
Pour les boiseries laissées naturelles, des essences comme le pin sylvestre pourront être choisies pour leurs qualité lumineuses. Le coloris blond et lumineux des résineux contrastera avec les essences aux tonalités plus marquées telles que le chêne employé en bois de structure.
L'aménagement de greniers ou de combles pour l'habitation nécessite de disposer d'un éclairage naturel suffisant. La tentation est alors forte de subvenir aux besoins de luminosité en intervenant sur la couverture: fenêtres de toit, lucarnes... au risque de dégrader le caractère architectural de la maison.
Il n'y a pas de règles, si ce n'est celle de se documenter et d'observer les caractéristiques locales. C'est en dernière mesure que nous intervenons sur un toit.
Nous pourrons reproduire des lucarnes, ouvrir les murs pignons ou nous servir des petites ouvertures pratiquées autrefois dans les murs gouttereaux, parfois à ras de plancher. La zone la plus sombre pourra éventuellement être ouverte sur le rez-de-chaussée. Cet espace défavorisé bénéficiera de la luminosité généreuse d'une ancienne porte de grange justement exploitée pour une mezzanine ou encore une passerelle de distribution. Aussi, le plancher pourra-t-il être supprimé en partie afin de disposer pour les pièces à vivre d'un volume sous toiture important. La conception architecturale est, sur ce point, plutôt ouverte et c'est notre valeur ajoutée d'Architecte d'Intérieur que d'en élargir les perspectives.
Aménagement de chambres d'hôtes dans une ancienne cure bourguignonne - Un grenier mansardé bénéficie habituellement de plusieurs lucarnes. La lumière naturelle peut sembler insuffisante mais c'est sans compter sur la possibilité d'en exploiter la plus petite parcelle au bénéfice d'un espace authentique. L'ensoleillement se révèlera, au final, beaucoup plus lumineux que vous ne l'auriez imaginé. Percer une telle toiture pour y insérer des Vélux friserait l'hérésie!
Nous ne pouvions pas clôturer cet article sans appeler à un certain apprivoisement de la pénombre.
Il est courant d'évoquer la qualité d'un éclairage, moins celle de la pénombre. Junichirô Tanizaki le mettait au crédit d'une inclinaison occidentale, d'ordre culturelle, pour la lumière en la comparant au goût japonais pour l'ombre et la patine qui gomme tout éclat. Il suggérait déjà une forme de globalisation ayant pour conséquence l'appauvrissement de l'esthétique de l'habitat traditionnel et des pratiques culturelles japonaises.
Cet apauvrissement guette bien évidemment le petit patrimoine local de nos campagnes, notamment celui de ces maisons anciennes rénovées avec des standards qui ne leur correspondent pas.
Une lumière sans âme détruira en nous tout ce que peut évoquer, comme rêves, souvenirs et délicieuses frayeurs nos merveilleuses maisons de pays.
Atelier-CHEVILLOTTE Pierrick Chevillotte Architecte d’Intérieur, diplômé de l’Ecole CAMONDO en 1997. Mutuelle des Architectes Français - 385955/S.
Une agence d’architecture intérieure et de maîtrise d’œuvre dédiée à la rénovation du bâti ancien en pierre ou en pisé, les solutions saines et écologiques pour l’habitat, l'amélioration énergétique et le petit habitat passif.
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