Le radon est un gaz radioactif naturel, incolore et inodore. Il provient de la désintégration de l'uranium et du radium présent naturellement dans les sous sols géologiques. Il est plus particulièrement décelé dans les régions au sol granitique ou montagneux ainsi que sur les zones géologiques de failles et d'alluvions. Toutefois, le radon est présent partout à plus ou moins forte concentration.
Tout bâtiment confiné est propice à l'accumulation du radon dans des proportions variables.
L'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) a cartographié les zones à risque radon en France.
Illustration IRSN
En 1987 le radon a été classé par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) comme cancérigène pulmonaire certain (groupe 1). Sur 25000 décès par cancer du poumon par an, 1200 à 3000 sont attribués au radon, soit la seconde cause de décès après le tabac lié à ce type de cancer.
Depuis 2009, l'OMS recommande un seuil maximum de 100 Bq/m3 avec un niveau de référence ne dépassant jamais 300 Bq/m3.En France la règlementation ne touche que les établissements recevant du public (ERP) et certains lieux de travail dans les départements à risque. Cette règlementation considère qu'en dessous de 400 Bq/m3 il ne serait pas nécessaire d'entreprendre d'actions correctrices.
Dans le cadre d'un habitat sain, nous recommandons de coller aux recommandation de l'OMS et de ne pas dépasser la valeur de 100 Bq/m3.
Une ordonnance du 10 février 2016 imposait au vendeur et au bailleur d’indiquer le risque d’exposition au radon dans l’état des risques naturels, miniers et technologiques (ERNMT) à partir du 1er juillet 2017. Toutefois, en attente de l'arrêté interministériel approuvant le zonage règlementaire et la publication du décret d'application, rien n'a été publié à ce jour…
Espérons que la situation règlementaire évoluera en 2018 d'autant que la directive européenne 2013/59/Euratom devant conduire à un abaissement du niveau d'action de 400 Bq/m3 à 300 Bq/m3 et à une meilleure information des populations devrait être transposée pour cette année 2018.
Pour le moment, il n'existe toujours pas d'obligation règlementaire concernant le radon dans l'habitat privé!
Selon les mesures effectuées depuis 1982 par l'IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) 300.000 habitations individuelles présentent un taux de radon supérieur à 400 Bq/m3, 60.000 supérieur à 1000 Bq/m3. Des mesures récentes ont relevé des taux pouvant être supérieurs à 3000 Bq/m3 dans des caves ou dans des maisons équipées de puits canadien.
Le radon s'infiltre et se concentre dans les maisons par les fissures du bâti et particulièrement par les défauts de calfeutrement entre le plancher bas et les murs, les pénétrations et l'intérieur des canalisations, l'eau des puits, la différence de pression entre l'intérieur et l'extérieur de l'habitation générée par le chauffage qui crée un effet de tirage en hiver.
La quantité moyenne de radon se mesure avec un dosimètre. Le ou les dosimètres sont placés dans les pièces principales du rez-de-chaussée et maintenus en place sur une période continue de plusieurs semaines en hiver de préférence (minimum sur deux mois). Des kits gratuits sont parfois mis à disposition par les Agences Régionales de Santé ou par l'IRSN.
Nous travaillons en partenariat avec la société Pearl basée à Limoges et titulaire d'un agrément le l'ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire). Dans les cas courants, Pearl nous adresse les dosimètres que nous mettons en place et renvoyons pour analyses et mesures radiologiques réalisées en laboratoire.
Dans le cas de bâtiments neufs, en région exposée, il conviendra d'éviter les dispositions semi-enterrées et de privilégier un bâtiment légèrement surélevé avec un vide sanitaire ventilé, de privilégier les radiers à la technique du dallage sur terre-plein.
Il est nécessaire de mettre en oeuvre sur les planchers bas et sur les fondations une membrane d'étanchéité en polyéthylène. Cette membrane doit être couplée avec une nappe à excroissances drainante sur les parois verticales enterrées. Celle-ci permet l'évacuation du radon le long des parois tout en assurant le drainage vertical de l'humidité.
Il faut distinguer les cas:
Inférieur à 200 Bq/m3:
Au delà de 200 Bq/m3 et jusqu'à 900 Bq/m3:
Au delà de 900 Bq/m3: Les travaux ci-dessus ne suffisent plus. Il conviendra de réaliser des travaux plus lourds pouvant engager la maçonnerie: réfection et étanchéification de la dalle dans les cas les plus courants.
Prévoir un bon drainage de type hérisson dans le cas du bâti ancien afin de réduire l'humidification des murs en raison du caractère non perspirant de la dalle étanché avec un film polyéthylène anti-radon. Ce film sera mis en oeuvre avec des remontées pour garantir une étanchéité périphérique efficace. Le hérisson en gravier de grande granulométrie sera lui même ventilé grâce à des drains d'air avec une sortie en couverture pour créer un tirage d'air.
Il conviendra, lorsque cela est possible, d'intégrer un vide sanitaire ventilé généreusement par des ouvertures de 200 cm² ou de le mettre en dépression afin de drainer les gaz à l'extérieur du bâtiment. Cf. Illustration IRSN
La ventilation de la cave ou du soubassement pourra être obtenue par des moyens naturels ou mécaniques avec un extracteur et des entrées d'air disposées sur la façade opposée.
Le drainage du radon avec un puisard disposé dans le hérisson permet de mettre en dépression le terrain sous le bâtiment. L'air est dirigé vers l'extérieur à l'aide d'un extracteur mécanique. La viabilité de cette technique dépend de la nature des tarrains.
⇒ Il existe d'autres techniques de lutte contre le radon. Nous ne les exposons pas toutes dans cet article.
Dans une habitation existante, dans le bâti ancien et chaque fois que l'on souhaite mettre en oeuvre des matériaux qui ne bloquent pas l'humidité, il semble paradoxal d'utiliser des membranes ou des procédés d'étanchéité à base de chimie. Le risque radon est une nécessité supérieure. Il doit être traité localement avec des matériaux pérennes et capables d'accompagner le travail des joints dans le temps.
En revanche, ce soucis d'étanchéité à l'air ne doit pas se faire au détriment du respect des propriétés de perspiration des murs anciens. Ne pas opposer étanchéité à l'air et perspiration des matériaux existant. Les matériaux ancoiens (pierre, pisé, colombages) doivent conserver leurs propriétés de base!
Atelier-CHEVILLOTTE Pierrick Chevillotte Architecte d’Intérieur, diplômé de l’Ecole CAMONDO en 1997. Mutuelle des Architectes Français - 385955/S.
Une agence d’architecture intérieure et de maîtrise d’œuvre dédiée à la rénovation du bâti ancien en pierre ou en pisé, les solutions saines et écologiques pour l’habitat, l'amélioration énergétique et le petit habitat passif.
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